Des banques actives en Belgique soutiennent des accapareurs de terres qui affament des populations locales, dénoncent le CNCD-11.11.11, SOS Faim, Oxfam Solidarité, FairFin et Réseau Financement Alternatif.
Dans la foulée de la crise des prix alimentaires en 2007 et du développement des agrocarburants, l’accaparement des terres agricoles et des ressources en eau qui vont avec par des États (pays du Golfe, Chine, Corée du Sud, notamment) et des multinationales a explosé en Asie et surtout en Afrique.
203 millions d’hectares de terres, soit environ 65 fois la superficie de la Belgique, ont été accaparés dans le monde entre 2002 et 2012. Deux tiers des terrains cédés sont situés dans des pays ayant de graves problèmes de sous-alimentation (Soudan, Éthiopie, Madagascar, Tanzanie, République Démocratique du Congo, Philippines, Indonésie).
Cette ruée vers l’"or brun" se fait au détriment des populations locales, sans compter les dégâts écologiques. Le marché de la terre affame en privant de dizaines de millions de paysans de leurs moyens de subsistance, dénoncent le CNCD-11.11.11, SOS Faim, Oxfam Solidarité, FairFin et Réseau Financement Alternatif.
BNP Paribas Fortis, Deutsche Bank, ING, KBC, Belfius, Axa
L’accaparement de terres est le fait d’acteurs puissants qui forcent l’acquisition ou obtiennent légalement le contrôle d’immenses surfaces agricoles pour y développer une agriculture intensive, l’huile de palme notamment, destinée à l’exportation.
Les ONG ont analysé le rôle de dix banques actives en Belgique sur base des fonds d’investissements (BNP Paris Fortis, Belfius, KBC, ING, bpost banque, Deutsche Bank, ABN Amro, Rabobank, AXA et Dexia) et dix entreprises d’huile de palme controversées (Siat, Sipef, SocfinWilmar, Bunge, Cargill, Archer Daniels Midland, Daewoo, Sinar Mas, Louis Dreyfus).
Il ressort que BNP Paribas Fortis et Deutsche Bank sont les acteurs les plus importants. Ils gèrent chacun des fonds comprenant près de 30 millions de titres, identifiés pour une valeur de plus de 110 millions d’euros, investissant en partie dans les entreprises concernées. Suivent ING, KBC, Belfius et AXA qui gèrent chacun des fonds détenant entre 6 et 10 millions de titres identifiés, pour une valeur de 9 à 18 millions d’euros, et qui elles aussi investissent en partie dans les sociétés contestées. ABN AMRO et Rabobank commercialisent des fonds mais n’en gèrent aucun; bpost banque et Dexia ne commercialisent et ne gèrent aucun fonds.
Tous ces acteurs financiers, précise le rapport présenté hier, commercialisent également des fonds gérés par d’autres institutions, ce qui rend difficile de déterminer les responsabilités exactes de chacun.
Nécessité d’une régulation publique
"C’est grâce à leurs appuis financiers en tout genre – crédit, fonds d’investissements… – que ces compagnies controversées sont en mesure de spolier la terre des paysans", accusent les organisations. Ce marché de la terre, concluent-elles, nécessite une régulation publique, un cadre législatif, ce qu’a priori les banques qu’elles ont rencontrées ne refusent pas. C.D.
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- Source de la photo: Universal Images Group/Reporters