"Les réformes mises en place par le gouvernement vont nous permettre de rendre nettement accessible le logement", Interview de Jean Paul Missi, directeur du Crédit foncier du Cameroun | Land Portal

Date: 14 septembre 2016


Source: News du Camer


Par Ghislaine Ngahanne


A l’issue de la première journée du colloque sur la problématique du financement de l’immobilier, le directeur général du Crédit foncier du Cameroun explique les mécanismes et les freins de l’accès au crédit immobilier. Il s’exprime ainsi au poste national de la Crtv.                                                                      


En matière de financement de l’immobilier, les Camerounais restent très préoccupés par le mécanisme d’accès au crédit. A travers ce colloque peut –on dire que le débat est enfin ouvert sur cette question ?


Le débat n’a jamais été clos. C’est une question centrale mais qui, faut le dire, contient en elle-même d’autres questions sous-jacentes. Il est intéressant de se rendre compte que, bien que le thème porte sur le financement de l’immobilier, c’est la problématique  générale de l’accès au financement de l’immobilier qui est  posée.


S’il est vrai que l’argent est disponible, pourquoi est-il si difficile d’y avoir accès comme le disent les Camerounais ?


L’argent est disponible. Mais, il n’existe aucune économie où il y a suffisamment d’argent pour tout financer. L’argent est un bien rare donc en matière de financement, ce qui compte c’est la gestion optimale. Il faut pouvoir optimiser ce qui est disponible. Cela veut dire qu’il faut des projets viables pour que le financement puisse prospérer. Dans ces conditions, le financement n’est plus tellement la préoccupation centrale parce que c’est tout ce qui vient en amont qui justifie le thème d’aujourd’hui. Je voudrais vous prendre un exemple, lorsque vous construisez, vous avez d’abord un plan, vous savez ce que vous voulez faire et c’est après que vous cherchez des fonds. On semble vouloir poser le problème de financement et puis vouloir régler les autres problèmes par la suite, on inverse l’ordre des choses. On commence par s’assurer que le projet est viable, ensuite on cherche l’argent. Et si le guichet auquel on s’adresse n’est pas suffisamment pourvu, et que le projet est viable on pourra créer de l’argent.


 Quelles sont les différentes catégories de crédit disponibles au Crédit foncier du Cameroun ?


Nous avons une gamme variée de produits qui s’adresse pratiquement à toutes les bourses. Mais, la question celle de l’éligibilité. Dans notre contexte, ne peuvent être éligibles que ceux qui justifient d’un revenu formel c’est-à-dire  saisissable. Donc, sont exclus jusque-là, en espérant qu’on fera des choses pour eux, ceux qui ne disposent pas ou qui ne peuvent pas justifier de revenus formels à l’instar des Bensikineurs, call-boxeurs ou tous ceux qui évoluent dans le secteur informel.


Ce n’est pas une discrimination en tant que telle. C’est la manière dont le modèle économique marche en ce moment. Comme une bonne partie de la population est concernée par cette question, le gouvernement fort de sa politique a à cœur d’appréhender également cette catégorie. Justement, nous sommes dans une dynamique de réforme avec le ministère de l’Habitat pour réfléchir sur le dispositif à mettre en place pour que cette couche sociale accède également au financement et in fini à un logement. Je crois savoir qu’il y a des idées qui commencent à se raffermir débouchant certainement à des propositions concrètes.


 Nous discutons par exemple sur les coopératives d’habitat qui sont des concepts simples qui permettent de mutualiser au niveau de ces catégories à travers la création d’une coopérative par d’une personne morale. Une coopérative qui s’engagerait au nom de toute la communauté des travailleurs du secteur de l’informe pour fournir la garantie nécessaire leur permettant d’accéder via les microfinances à des financements. Ce concept marche dans certains pays et nous pensons qu’il va fonctionner dans notre pays et permettre ainsi à une bonne partie de la population d’accéder au financement.


Il avait été récemment accordé certaines facilités aux travailleurs de moins de 34 ans. De quoi s’agit-il exactement ?


C’est une faute d’ajustement que nous avons fait parce que nous sommes à l’écoute du marché, de la clientèle. Nous nous sommes rendu compte que la plupart de clients de notre portefeuille était des personnes qui préparaient leur retraite. Ce qui fait qu’on excluait quasiment de fait les jeunes qui commencent leur vie active.


C’est un clin d’œil à la jeunesse…


Oui, c’est un clin d’œil si vous voulez le dire ainsi, mais c’est un besoin économique réel. D’abord parce que, c’est la franche la plus importante de la population ensuite, elle constitue une classe moyenne en pleine expansion donc une part importante du marché. Il était temps que nous leur offrons un produit qui correspond à leur profil.


En quoi consistent ces facilités particulières ?


Ce sont des prêts qui s’octroient sans apport personnel pour autant que vos revenus vous le permettent. Pour ce qui est de la durée, on peut aller à jusque 30 ans de remboursement. Ce qui leur laisse le temps de travailler et pouvoir éventuellement s’adonner à d’autres investissements. Je peux vous assurer que depuis que ce produit a été lancé, il présente le pic de progression de notre portefeuille.


D’aucuns pensent que à tort ou à raison que le crédit n’est réservé qu’aux privilégiés. Votre argent ne s’accommode pas de la pauvreté. Vous ne n’empruntez qu’aux riches ?


La réponse peut être embarrassante. Le crédit foncier est une institution publique mise en place par le gouvernement  et qui intervient dans  le cadre d’une politique sociale vis-à-vis des populations notamment de faibles revenus. Il y a des programmes qui sont conçus pour lequel le gouvernement offre des facilités permettant ainsi à la population d’accéder au financement.  Il se trouve qu’en marge de ce dispositif, certains citoyens viennent prendre des prêts pour pouvoir se loger. Alors c’est cette gestion de détail qui pose un problème dans notre modèle. Il aurait fallu que les promoteurs offrent suffisamment de logements pour que chacun puisse prétendre à un logement dans les conditions fixées par le gouvernement. Mais, lorsque vous entreprenez vous-même votre construction, comme l’adage le dit, vous accrochez votre sac où vous pouvez le prendre.


Toute taxe foncière est prélevée mensuellement dans le salaire des fonctionnaires. Pourquoi ne considérez-vous pas cet argent comme caution pour l’accès au crédit ?


Vous devez noter que cette contribution symbolise la solidarité que le législateur a voulu instituer pour permettre à l’Etat d’instituer une politique sociale d’accès au logement. C’est une compétition au service de l’ensemble des citoyens. Si vous vous la réserver exclusivement  à ceux qui travaillent, vous mettez en mal le concept tel qu’il a été conçu, parce que les ressources que le crédit foncier bénéficie à toute personne pour autant qu’elle puisse justifier de revenu.


La considéré comme un apport, c’est biaisé un peu la conception du produit dans son essence. Il s’agit  de collecter des ressources qui peuvent permettre de financer  à la fois les promoteurs de l’immobilier et les acquéreurs.


En tant que directeur général du Crédit foncier, Etes-vous exonéré de la taxe foncière ?


Au même titre que tous les travailleurs nous sommes assujettis à cette taxe. Il n’y a pas de dérogation. La fiscalité s’impose à tout le monde.


Quelles sont les perspectives du financement de l’immobilier au Cameroun ?


Les perspectives sont celles que le gouvernement esquisse et met en œuvre à travers les politiques qui sont menées. Le colloque donne l’occasion de confronter les expériences confrontées pour permettre d’ajouter une plus-value à ce qui se fait. Je peux vous dire qu’à ce stade des échanges, il est apparu clairement que dans notre paysage des signaux manquants de dispositif doivent être renforcé. Je pense aux promoteurs de l’immobilier par exemple dont il  faudra renforcer le métier. Il me semble que les débats s’orientent vers des dispositifs tendant à renforcer  ce métier.


Il se pose un certains nombres de préoccupation qui ont été largement débattues notamment sur les mesures à mettre en amont parce qu’au finish,  la question d’accès au financement est ramenée à des questions globales d’accès  aux matériaux de construction, aux fonciers ainsi qu’aux procédures administratives.  Ce sont des préalables, toutes ces préoccupations sont prises en compte. Je crois que les réformes mises en place par le gouvernement vont nous permettent de les surmonter et rendre nettement  accessible le logement.  Aujourd’hui pour un prêt classique ordinaire il est même possible, pratiquement courant  de l’obtenir en deux semaines, il n’y a aucune difficulté. Nous avons pu mutualiser avec les grands partenaires pour réduire les coûts notamment des assurances, les coûts d’étude de dossiers par les bureaux d’étude d’architecte et nous poursuivons cette démarche dans pour essayer de défier toutes les contraintes qui entravent l’accès au logement.


 

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