« Nous agissons pour sauver les dernières forêts d’Afrique de la boulimie des multinationales asiatiques de l’huile de palme », Marc Ona Essangui, Secrétaire exécutif de Brainforest | Land Portal

Date: 16 décembre 2016


Source: Good planet


Propos recueillis par Julien Leprovost


Les ONG Brainforest et Mighty Earth ont enquêté sur les pratiques d’Olam, une multinationale singapourienne de l’agroalimentaire. Cette entreprise produit et commercialise de l’huile de palme en exploitant, à des conditions avantageuses, des plantations au Gabon. Le Secrétaire exécutif de Brainforest  Marc Ona Essangui, récompensé par un prix Goldman 2009 pour son combat en faveur des forêts gabonaises, explique les problèmes posés par l’accaparement des terres pour la culture du palmier à huile au Gabon.


Que se passe-t-il actuellement au Gabon avec Olam ?


L’entreprise est en train de faire, ce que nous appelons, de l’accaparement des terres pour cultiver des palmiers à huile. Elle achète ou obtient la concession de forêts pour y cultiver de l’huile de palme. Elle a déboisé près de 20 000 hectares dans quatre concessions. Cette politique entre en contradiction avec les attentes de la population gabonaise.


Quelles sont les attentes de la population ?


Nous sommes dans un pays où l’essentiel de ce que nous consommons vient d’ailleurs. Le paradoxe gabonais est que nous importons 80 % de notre alimentation et que le peu de terres disponibles pour cultiver ne sert pas l’agriculture vivrière. Le Gabon reste pourtant un pays pauvre malgré l’exploitation des ressources naturelles. Nous ne demandons pas à Olam de cesser ses plantations, nous voulons qu’elles soient à visage humain.


Pourquoi ce combat ?


Nous agissons pour sauver ce qu’il reste des dernières forêts d’Afrique et pour arrêter la boulimie des multinationales asiatiques dans l’accaparement des terres. Les forêts gabonaises couvrent 80 % du pays et abritent une des plus riches biodiversités du monde. Plus de 700 espèces d’oiseaux y vivent, 350 espèces d’orchidées mais aussi des gorilles, des chimpanzés et des éléphants de forêts.


Au Gabon, comment est réparti l’usage des terres ?


La proportion des terres agricoles est de 2 %. Le Gabon protège 10 % de son territoire avec des parcs nationaux, 50 % sont dédiés à l’exploitation forestière et le reste est attribué à des permis et concessions minières. Il reste donc un petit bout pour les cultures. Mais le Gabon n’atteindra pas ses objectifs dans la préservation des écosystèmes si les cultures pratiquées sont dévastatrices pour l’environnement.


Les équipes de BrainForest ont enquêté sur le terrain. Qu’ont-elles trouvé ?


Nous avons observé un déboisement intense confirmé par les images aériennes. Dans certaines concessions, il ne reste que 20 à 30 % du couvert forestier initial. Nous avons aussi découvert que l’exploitation forestière illégale se pratique dans des zones concédées à Olam pour de l’agriculture. Des témoignages montrent que même des essences rares comme le kevazingo (c’est un bois précieux de couleur rouge, noire ou marron qui met des années à pousser. Il sert à fabriquer des meubles) sont coupés et revendus alors que les permis obtenus n’autorisent pas Olam à le faire.


Comment avez-vous obtenu ces informations ?


Nous avons employé des caméras cachées pour faire notre travail, cela a été difficile. Il fallait prendre ces risques pour obtenir des preuves de ce que nous affirmons.


Quelles sont les conséquences de la publication de ce rapport ?


La première conséquence a été qu’Olam a publié un communiqué qui reconnait un certain nombre de chose. L’entreprise a rendu public la liste de ses fournisseurs et a reculé sur des points dont la déforestation zéro. Pour le moment c’est encore à chaud. Et nous vérifierons sur le terrain les engagements pris par Olam.


 

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