Date: 06 février 2017
Source: Jeune Indépendant
Par Lynda Louifi
Les spécialistes ont prévenu que l’avancée du désert en Algérie pourrait causer la désertification de 20 millions d’hectares alors que 600 000 hectares sont déjà désertifiés. La directrice du Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides (CRSTRA), Fatoum Lakhdari, affirme qu’il est plus qu’urgent pour le pays de faire de la lutte contre la désertification sa priorité.
Intervenant dimanche matin sur les ondes de la radio nationale, Fatoum Lakhdari a souligné que la déforestation, le surpâturage et l’anarchie urbanistique constituent les trois principaux facteurs ayant contribué à la dégradation de notre couverture végétale, favorisant ainsi l’avancée du désert.
Cette situation n’est pas spécifique à notre pays, a souligné la responsable, indiquant que la déforestation a fait des dégâts dans le monde entier et a causé le dérèglement des écosystèmes terrestres. Mme Lakhdari a tenu à tirer la sonnette d’alarme quant aux conséquences sociales et économiques pouvant résulter de cette situation si des mesures pour y mettre un terme n’étaient pas rapidement prises.
Mme Lakhdari a fait observer que les facteurs précurseurs de cette dégradation du milieu, déjà fragilisé par la sécheresse, sont imputables au facteur humain, à l’origine de la présence d’importants cheptels pâturant dans la steppe, « une tranche du territoire qui, a-t-elle dit, est la plus vulnérable aux dégradations dont elle fait l’objet ».
Elle a mis également en cause les cultures qui y sont développées, contribuant, pour une large part, à l’accélération de leur dépérissement. Aussi, Mme Lakhdari a proposé d’engager des actions de sensibilisation en direction des éleveurs des zones pastorales, et ce pour les amener à adhérer aux actions tendant à protéger ce milieu.
L’invitée a signalé, par ailleurs, que la partie nord de l’Algérie, déjà fragilisée par des périodes de sécheresse récurrentes, est sujette à d’incessants feux de forêts pouvant, à terme, lui faire perdre une partie de son couvert végétal.
Considérant que la lutte contre la dégradation du milieu reste tributaire d’une prise de conscience nationale, elle a rappelé que cette dernière avait déjà eu à se manifester, dans les années 1970, à travers la réalisation du barrage vert, dont elle souhaite que les travaux puissent reprendre et se poursuivre dans la continuité.
Se voulant toutefois optimiste, elle a estimé qu’il est possible de mener des actions réparatrices et de restauration des zones dégradées par le surpâturage, les labours non adaptés et les coupes illicites, à la condition, a-t-elle appuyé, de ne pas arriver à un stade d’ »irréversibilité ».
Pour éviter une telle situation, elle a demandé que soient fortement appuyés les travaux menés par les scientifiques au niveau des zones arides. Des actions, a-t-elle ajouté, qui sont « incontournables » pour entreprendre les tentatives de régénération du milieu.