En 2019, alors que les incendies commençaient à faire rage dans toute l'Amazonie, l'Union européenne et l'Association européenne de libre-échange (Islande, Lichtenstein, Norvège et Suisse) ont conclu des accords commerciaux bilatéraux avec les gouvernements du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). L'accord avec l'UE a rapidement fait l'objet d'une condamnation publique importante. Les gens ont compris que cet accord ouvrirait de nouveaux marchés à l'agrobusiness industriel à grande échelle, qui a dévasté la région du Mercosur. Au cours des dernières années, les éleveurs de bétail et les producteurs de produits de base ont rasé des terres forestières, accaparé les terres des peuples autochtones et des communautés agricoles et déversé sans retenue des produits chimiques agricoles et des OGM dans les exploitations. Les incendies
ont été le témoignage de la manière dont ce modèle est autorisé à se développer. À GRAIN, nous avons examiné l'accord et
constaté que les quotas agricoles à eux seuls augmenteraient les émissions climatiques du commerce agricole entre les deux blocs de 34 %. À l'heure actuelle, l'accord est
en suspens, tandis que les gouvernements tentent de voir s'ils peuvent trouver des stratagèmes convaincants pour dissiper les inquiétudes concernant son impact sur les forêts, les droits de l'homme et le climat.
En comparaison, l'accord commercial AELE-Mercosur est resté pour l'essentiel sous le radar. Il s'agit d'un accord plus modeste en termes de volume d'échanges, mais tout aussi menaçant quant à la façon dont il peut servir les intérêts des grandes entreprises au détriment des autres. Bien qu'il n'ait pas été publié, on peut glaner suffisamment d'informations à son sujet auprès de sources gouvernementales pour avoir une idée de ce qu'il pourrait entraîner. GRAIN a récemment étudié les données et constaté que, si les quotas agricoles sont respectés, l'accord AELE-Mercosur augmentera les émissions climatiques du commerce agricole de 15 % par rapport à 2019. La plupart des nouvelles émissions proviendront de l'expansion des exploitations d'élevage au Brésil, avec des implications directes pour l'accès des communautés locales à la terre. Mais une autre partie proviendrait des quotas de fromages accordés à l'Europe. En fait, l'accord soulève de sérieuses inquiétudes en termes d'agriculture durable et de souveraineté alimentaire pour tous. La Suisse, par exemple, s'est engagée à importer du beurre, du lait en poudre, des pommes de terre, des oignons et du miel d'outre-Atlantique alors qu'elle produit tout cela en abondance.
L'accord AELE-Mercosur ouvrira également de nouveaux marchés aux géants mondiaux de la pêche et des engrais comme l'islandais Samherji et le norvégien Yara. Ces entreprises ont non seulement un impact majeur sur le climat et les communautés, mais elles ont été dénoncées dans des cas de corruption économique et politique de haut niveau. À la lumière de ces faits, le discours sur les dispositions relatives à la « durabilité » dans l'accord AELE-Mercosur semble très tendancieux et partial, comme si les problèmes n'existaient qu'en Amérique latine.
Les impacts climatiques de l'accord commercial AELE-Mercosur, s'il se concrétise, seront importants, même si on se base seulement sur quelques produits agricoles produits industriellement. Nous ne pouvons pas à la fois développer le commerce mondial et réduire les émissions, comme il est si urgent de le faire. Cette seule raison justifie que l'accord soit abandonné.
Lire le rapport complet sur https://grain.org/e/6663